Fanny Price est une jeune fille raisonnable et discrète, qui, à l'âge de 10 ans, a été recueillie à Mansfield Park par son oncle et ses deux tantes. Bien qu'elle soit consciente de la chance qui lui est offerte et malgré tout son bon caractère, Fanny a du mal à se réjouir d'avoir quitté ses parents et ses frères et soeurs aimants pour vivre avec un oncle froid et distant, une tante qui s'intéresse plus à ses chiens qu'à ses enfants et une autre absolument tyrannique. Quant à ses cousines, elles ne permettront jamais à Fanny d'oublier sa place. Seuls ses cousins lui apportent un peu de réconfort, l'aîné en lui offrant parfois de petits cadeaux et Edmund, quant à lui, en étant son seul véritable ami. Mais alors que Fanny devient une belle jeune fille, sans que qui que ce soit n'en prenne conscience, toute cette quiétude va être bouleversée par l'arrivée du jeune Henry Crawford et de sa soeur Mary. Bien que sans réelle mauvaise intention, ils n'ont aucune considération pour les sentiments d'autrui et seul leur divertissement et leurs intérêts comptent, ce dont seule Fanny semble se rendre compte. C'est ainsi qu'ils vont déclancher un cataclysme au sein de la vie paisible de Mansfield Park.
Ce roman présente une héroïne bien différente d'Elizabeth Bennett, plus proche d'une Anne Elliott ou d'une Elinor Dashwood, très raisonnable et très réservée, parfois trop. Il arrive que l'on ait envie de la secouer un peu ou que l'on soit dépité devant l'aveuglement d'Edmund en particuler et de sa famille en général. Mais comme dans tous les romans de Jane Austen, la fin heureuse est inévitable, même si je ne suis personnellement pas une grande adepte de la façon dont celle-ci est expédiée. Peut-être le roman que j'aime le moins mais dont l'intérêt est cependant relevé par le comportement extrêmement choquant pour l'époque de certains des personnages.
Avec dix ans de recul, et après avoir lu différents essais sur Mansfield Park qui m'invitaient à voir Fanny d'un autre oeil, j'ai décidé de me replonger dans ce roman. Dès le début, je suis étonnée de cette introduction bien tardive de l'héroïne et je trouve malheureusement que cette distance demeurera quasiment jusque dans les dernières pages. Malgré tout, je la juge moins sévèrement qu'auparavant et je suis prête à lui reconnaître bien des qualités comme sa grande perspicacité, sa droiture et son courage. D'un autre côté, je la trouve extrêmement sévère dans son jugement des autres et il me semble qu'elle manque cruellement d'empathie, des défauts que j'ai du mal à lui pardonner...
Pour le reste, je me souvenais assez bien du roman, je trouve toujours Edmund aussi insipide, condescendant et ne méritant pas Fanny, et leur relation me dérange grandement parce que, pour présenter une métaphore très explicite, elle ressemble plus à la relation d'un chien avec son maître qu'à tout autre chose pour moi. Je suis toujours peinée pour Henry Crawford qui, évidemment, est loin d'être irréprochable mais aimait sincèrement Fanny et la bonne surprise ici fut pour moi Sir Thomas pour lequel j'ai beaucoup de tendresse.
Chaque volume est plus interessant que le précédent et le tout présente un crescendo interessant et pourtant, ce roman reste, de loin, celui que j'aime le moins de Jane Austen. Et les raisons sont au-delà des personnages qui me séduisent peu. J'éprouve, à vrai dire, en le lisant, une véritable sensation de malaise. C'est un roman que je trouve tout d'abord dénué de l'humour auquel l'auteur m'a habitué, il est plutôt dans la mélancolie et je n'y retrouve pas l'esprit de Jane Austen. Les deux héros sont parés d'opinions et de comportements dont elle se moquerait plutôt dans ses autres romans et je suis perdue, ne comprenant pas où elle veut venir. J'ai l'impression que le sens total de Mansfield Park m'échappe et j'en suis particulièrement triste.
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